« Pierre magique et noix de Coco »
On se sent toujours aussi bien sur cette île.
On aime notre quotidien.
On aime rencontrer les voyageurs, les locaux, les
expatriés !
On aime ce mélange de cultures.
On aime la force de la nature et sa fragilité aussi.
On aime vivre le moment présent.
On accumule les souvenirs et les anecdotes !
Parmi les dernières anecdotes qui me font comprendre pourquoi j’aime tellement vivre ici, il y a celle de la pierre. Comme chaque semaine, j’anime le club pour enfants d’un hôtel prestigieux et branché. Tous les membres de l’équipe sont adorables et accueillants. Chaque dimanche, on se salue, on discute quelques minutes et on se sourit tout le temps. Parmi les serveurs, il y en a un qui les yeux dorés, les yeux qui pétillent comme un regard d’enfant espiègle ! Ce jour-là, il remarque le pendentif que je porte. « Une pierre magique » sertie par un fil beige (technique du macramé). Il le trouve très joli et semble étonné d’apprendre que je sais faire cela. Il me demande alors : « tu peux en faire un pour moi ? « Oui, bien sûr, mais je n’ai plus la même pierre. » Face à cette réponse, il n’est ni triste, ni contrarié. Je le vois se tourner… marcher quelques pas… il se baisse et ramasse une pierre au sol. Il revient et me la tend. « Peux-tu le faire avec cette pierre ? ». « Oui, bien sûr »… Voilà pourquoi j’aime Srilanka. Tout simplement pour ça. Ici, chaque pierre peut devenir magique, un instant, un jour, une vie ! La magie vient du cœur, de l’intention, la perception.
David a pour habitude de faire les courses chez plusieurs petits commerçants.
Un jour, alors qu’il s’adresse au marchand de légumes en montrant les tomates (pas très colorées cette fois-ci) il reçoit la réponse suivante : « No sun = no color » avec un grand sourire pour accompagner ses mots. Eh bien oui, c’est certain : pas de soleil = pas de couleur, ça va de soit !
Une autre fois, c’est une histoire de taille de chaussettes !Il est écrit sur l’emballage qu’il existe trois tailles : Small, Médium ou Large. Cependant, rien ne précise de quelle taille est celle qu’il a en main. Il s’adresse au vendeur, qui lui renvoie toujours un grand sourire en tirant en trois temps sur la chaussette : « 1ᵉʳ temps = small, 2ᵉ medium, 3ᵉ large ! »… Ben oui, c'est pourtant simple !
Une dernière anecdote, peut-être plus intéressante au niveau de la réflexion !
Chaque trimestre, un homme vient s’occuper des cocotiers et surtout des noix de coco qu’ils portent.
La scène est toujours assez drôle à observer, tout est tellement bien orchestré. Le propriétaire de la maison joue le chef d’orchestre et chaque personne sait ce qu’elle doit faire. Un homme que nous surnommons « cocoman » arrive. Il noue une corde autour de ses pieds, puis grimpe. Il est vraiment très agile ; ensuite, il fait tomber les fruits un par un. Enfin, il redescend et passe à l’arbre suivant. À présent, c’est au tour de l’équipe au sol d’agir. Les hommes rassemblent les cocos ; elles sont comptées une première fois. Puis une seconde au moment de les charger dans le camion. À ce moment-là, le propriétaire rémunère le « cocoman », et l’acheteur paye au propriétaire les noix de coco ! Ainsi, tous repartent, contents ! Oui, mais ça, c'est d’habitude… Un jour, un « cocoman » vient dans le jardin. On lui demande si le propriétaire va arriver : « Oui, oui ! » Bing bam boum ! Les cocos tombent au sol. Puis l’homme attend. Je vais le voir, il parle cingalais et a chiqué cette pâte rouge qui colore ses dents. Cette coutume de mastication s’appelle le Paan . La préparation se compose d’une feuille de Bétel, d’une feuille de tabac, d’une noix d’Arec, et de coquille d’escargot broyée (pour éviter d’abîmer les dents avec l’acidité de la noix apparemment). Consommé pour ses effets stimulants et psycho actifs, ce n’est pas considéré comme une drogue, on en vend partout ! Cependant, la consommation régulière crée d’importants dommages (gencives, caries dentaires et pire encore…).
Bref, ce n’est pas le sujet.
J’essaye de comprendre ce qu’il me dit et distingue quelques mots “Hamma. Hospital. Money. Food” .
Ahhhh ok !!! Sa maman est hospitalisée, il a besoin d’argent pour acheter de la nourriture ! Sur ce le voisin débarque et veut acheter les cocos au sol qui ne sont pas les nôtres (c’est bien spécifié dans le contrat de location) ! Ah, c’est surtout qu’elles devraient être dans le cocotier au moment présent ! Nul ne parle anglais. On cherche à joindre le propriétaire par téléphone. En vain. Ses fils. Idem. David part à la villa du propriétaire (qui est en vacances en Italie ). Il revient avec un des fils. Ouf ! Et là, commence la discussion en cingalais ! Guididduididiiddiam! Gudamikdimimamikakmokamida! J’exagère à peine… On ne comprend pas un mot, mais il semblerait que le cocoman soit venu sans l’accord de qui que ce soit. Le ton reste calme malgré l’entourloupe : on est à Sri Lanka. Heureusement, le fils est compréhensif, et il règle facilement le problème. Cocoman est payé. Le voisin achète les cocos. Et ils repartent contents ! Puis le fils du propriétaire m’explique “le problème » n’est pas tant ce qu’il vient de se passer, aider cet homme est normal. Le problème est que le cycle est brisé pour le cocoman régulier. En effet, il va arriver prochainement et constater qu’il n’y a pas de coco sur le cocotier , donc pas de sous dans le porte-monnaie!
Alors voilà ce que nous apprend la vie sur cette île.
Si la chaîne est brisée, même sans mauvaise intention, les conséquences peuvent être très problématiques…
Le premier cocoman ne souhaitait pas créer de problème à qui que ce soit. Il a cherché comment résoudre le sien (par son travail), il ne pensait pas faire de tort à une autre famille. Toutes ces scènes de vie font réfléchir ; pourtant on ne parle que d’une pierre, de tomates, de chaussettes et de quelques cocos…
Prendre le temps d’observer est une leçon permanente, et nous sommes reconnaissants de pouvoir le faire très régulièrement.
À suivre " La french team à Sri Lanka...!